Archives de l’étiquette : Neutralité religieuse

Qu’est-ce que Mon Pays Québec? La Laïcité

Il est important, pour moi, de définir de quoi il en retourne lorsque je mets de l’avant des concepts et des idées. Voici donc le cinquième et dernier texte de la série.

La laïcité est définie comme étant la séparation de l’Église et de l’État. Cela signifie que l’État n’a pas de religion et les autorités religieuses n’exercent pas le pouvoir politique. L’État s’occupe du bien-être général, alors que le clergé s’occupe de sa communauté. En aucun cas, l’État ne doit intervenir pour ou contre une religion. C’est ce qu’on appelle la neutralité. Cette conception peut, par contre, être interprétée de deux façons. D’un côté, il y a les tenants de l’interdiction du prosélytisme et de l’autre, l’autorisation des accommodements religieux.

Le prosélytisme est l’acte de montrer sa foi de manière à pouvoir influencer une personne, voire la convaincre d’y adhérer. La neutralité républicaine signifie qu’il doit y avoir absence de représentations religieuses dans l’appareil étatique pour éviter d’influencer ou de faire pression sur les citoyens. Il faut qu’ils puissent se sentir libres lors d’une demande et d’une prestation de service. Dès lors, la liberté de pensée en tant qu’individu rationnel est possible, puisqu’il n’y a pas de domination ni d’imposition de croyance. L’égalité des citoyens est assurée, parce que tout le monde est traité de la même façon par les représentants du peuple. De même que toutes les religions sont traitées de façon égalitaire parce qu’aucune ne peut être mise de l’avant. L’absence de prosélytisme crée donc une séparation entre l’État et les religions. La liberté de religion est subordonnée à la volonté du peuple d’avoir un espace public sans la présence du religieux, au nom de la liberté de pensée. Dans une société républicaine, l’espace public peut être pris au sens large et inclure les lieux publics. C’est pour cette raison que certains pays interdisent le niqab et la burqa dans ces lieux. Ces symboles religieux empêchent les femmes de faire société, c’est-à-dire qu’ils empêchent de participer à la vie civique en tant que personne rationnelle et indépendante par contraintes religieuses et/ou culturelles.

À contrario, les Chartes des Droits et Libertés inscrivent la liberté de religion et de conscience comme des libertés individuelles fondamentales. Ces libertés sont inaliénables puisqu’elles ne sont pas acquises, mais innées à chaque individu. Ce faisant, la liberté de conscience signifie qu’une personne est libre de croire à ce qu’elle veut et d’agir selon ses choix sans qu’une personne ou une entité ne puisse l’en empêcher. La neutralité issue du libéralisme politique accepte les accommodements religieux au nom de l’égalité des religions et de ses représentations. Si cette égalité est bafouée, il y a alors discrimination, voire même empêchement de contribuer à la société. Si telles infractions sont commises, les tribunaux serviront de remparts aux libertés garanties par les Chartes.

À mon sens, la raison doit primer sur les croyances. Tout le monde est doté de la raison, mais ce n’est pas tous les individus qui ont les mêmes croyances. Certaines peuvent être en contradiction avec d’autres. Dans de telles circonstances, les tribunaux doivent trancher. D’ailleurs, les Cours ne remettront presque jamais en cause les préjudices subis par un dogme religieux, leur but est plutôt de déterminer si la liberté a été brimée. Le pouvoir politique est remis entre les mains des juges non élus. Par contre, si la raison est le moteur de la participation citoyenne, elle permet de faire des choix éclairés et collectifs. Des choix qui peuvent changer avec le temps et qui créent des valeurs démocratiques et universelles. La neutralité libérale ne peut pas prétendre à l’universelle, parce qu’elle encourage les particularismes et alimente les inégalités entre les citoyens. Les accommodements religieux accordent des droits à des groupes d’individus que la majorité des citoyens n’ont pas. Il se développe une compétition plutôt qu’une concertation entre les groupes et les plus forts remportent des privilèges.