Qu’est-ce que Mon Pays Québec? Le Socialisme

Il est important, pour moi, de définir de quoi il en retourne lorsque je mets de l’avant des concepts et des idées. Voici donc le quatrième texte d’une série de cinq.

Le socialisme est souvent vu comme une doctrine politico-économique où l’économie est dirigée par l’État qui contrôle tous les moyens de production. Il s’agit donc d’un État interventionniste prompt au protectionnisme, à la réglementation et aux nationalisations. Le tout serait fait dans l’intérêt collectif. Ce régime est régulièrement opposé au capitalisme où l’économie de marché et les libertés individuelles priment. Appliqué à la réalité, le socialisme prend deux formes, soit l’émergence de pays sociodémocrates (pays scandinaves) et de pays totalitaires/autoritaires (Cuba, Venezuela, Chine). Les théories économiques étant peu faciles à implanter, plusieurs États ont un système économique que nous pourrions appeler hybride (capitalisme et socialisme).

Toutefois, il est important de souligner que la majorité des pays industrialisés se basent principalement sur les mécanismes du capitalisme pour fonctionner. Le libéralisme politique et le libéralisme économique partagent comme valeur commune la défense des libertés individuelles dites fondamentales. Ces libertés sont inaliénables. C’est pour cela que nous associons démocratie et libéralisme pour créer le vocable démocratie libérale par opposition au totalitarisme ou l’autoritarisme. La démocratie et le capitalisme deviennent donc inséparables.

Quant à elle, la pensée socialiste (indépendantiste) québécoise met l’accent sur la liberté du peuple, de la nation. La libération nationale devient l’objectif ultime pour s’affranchir du colonialisme canadien, de l’hégémonie américaine et du néolibéralisme. C’est une réponse collective à des problèmes intérieurs et internationaux. Dès lors, l’État et ses institutions ont un pouvoir salvateur et émancipateur puisqu’elles représentent la volonté du peuple de s’autogouverner.

Le colonialisme canadien vise à défendre les intérêts de la fédération en gardant le Québec sous tutelle. Le gouvernement fédéral a intérêt à rendre le Québec dépendant de son pouvoir. Le déséquilibre fiscal entre le fédéral et les provinces est un exemple flagrant. Le gouvernement canadien compense ce déséquilibre par la péréquation, les transferts assortis d’obligations/impositions fédérales, le pouvoir de dépenser et les investissements directs (qui servent à outrepasser les gouvernements de proximité). Au palier international, le Canada signe des traités et des conventions qui ont des impacts sur l’économie, la gestion interne et la capacité fiscale du Québec de percevoir ses impôts et ses taxes. Tout cela se fait sans que ce dernier soit consulté ou que les décisions soient soumises à un référendum populaire.

Dans le cadre politique, la Loi constitutionnelle de 1867 s’applique au Québec, même si elle n’a pas été soumise à un référendum et qu’elle a été signée par des Québécois élus sans l’existence d’un suffrage universel. La loi constitutionnelle de 1982, qui inclut la Charte canadienne des Droits et Libertés, a été adoptée sans l’accord du Québec et dans le mépris. La Charte bafoue les droits collectifs de la nation québécoise en imposant des libertés individuelles incompatibles avec notre vision républicaine tout en éliminant le droit de veto du gouvernement du Québec. La Charte opère un changement de paradigme qui a pour but de neutraliser la souveraineté populaire pour la substituer au gouvernement des juges, protecteurs de la démocratie libérale et du capitalisme. Pour mieux asservir le peuple québécois, le Canada impose la suprématie de Dieu et sa monarchie.

En ce qui concerne l’hégémonie culturelle américaine (au sens large), elle colonise de plus en plus nos esprits. Si par le passé, nos politiques publiques étaient axées sur le républicanisme à la française, force est de constater que nous adoptons maintenant le libéralisme américain. En relayant énormément de nouvelles étatsuniennes, les médias font comme si nous faisions partie d’un grand tout. D’un seul et même pays. Du coup, nous importons des problèmes de société qui ne s’appliquent pas à notre situation. Par conséquent, les idées et les idéaux développés par nos voisins du sud, dans leur contexte spécifique, transcendent nos propres esprits. La nation québécoise se retrouve dépouillée de ses moyens conceptuels pour agir face à une situation étrangère à elle. Avec l’augmentation des services de visionnement et d’écoute en continu américains, toutes les nations consomment la culture américaine qui s’impose comme la culture globale/générale. Le pouvoir hégémonique/économique des États-Unis permet l’uniformisation de la pensée et des marchés pour obliger tous les peuples à s’adapter plutôt qu’à affirmer leurs différences culturelles.

Ce même pouvoir économique a généralisé la gestion comptable, responsable de la dépolitisation des intérêts collectifs. Celle-ci a mené à ce qu’on appelle le néolibéralisme. Loin de vouloir diminuer la taille de l’État, cette doctrine l’utilise pour créer la compétition interne et internationale. Si les gouvernements désirent offrir des services à leur population, ils seront donnés à contrat au secteur privé. Autrement dit, le néolibéralisme crée une économie de sous-traitance et d’antiprotectionnisme. Pour s’assurer de contrecarrer le pouvoir politique vu comme une menace pour les intérêts économiques, la gouvernance des institutions publiques est revue. Des pans de l’administration publique sont transformés en agences et en organismes gouvernementaux indépendants. Les conseils d’administration font place aux gens d’affaires créant la séparation des pouvoirs politiques et administratifs. Les conflits d’intérêts chez les administrateurs augmentent tout comme les risques de collusion, corruption, copinage et de favoritisme dans l’attribution des contrats. Plus personne n’est imputable puisque rares sont les entreprises reconnues coupables de stratagèmes frauduleux ou de non-conformité. Pareil pour les administrateurs et les fonctionnaires. Le gouvernement des juges facilite leur disculpation en créant du droit, outrepassant ainsi le pouvoir législatif. En effet, l’Arrêt Jordan est un exemple patent.

Économiquement parlant, le néolibéralisme a pour effet de tuer les PME québécoises, créer de la main-d’œuvre bon marché en situation précaire (gig economy), ainsi que d’encourager les oligopoles/monopoles mondiaux. Les gouvernements ne sont pas incités à bloquer les transactions pour les acquisitions et les fusions au nom de l’intérêt national, car les acteurs économiques tentent de confisquer ce droit démocratique. Le libre marché et la maximisation des profits sont garants de prospérité économique selon ce modèle économique. Pourtant, ce n’est pas toute la population qui en bénéficie à en voir l’agrandissement des inégalités socioéconomiques.

Ces inégalités s’expliquent, entre autres, par la mobilité du capital et des humains. La mobilité du capital crée un rapport de force pour le patronat lors des négociations des conditions de travail et met en compétition les travailleurs entre eux, causant une désolidarisation. La mobilité des humains impose l’ouverture des frontières. Deux groupes veulent augmenter l’immigration, soit le patronat et les multiculturalistes/altermondialistes. Pour les gens d’affaires, les flux migratoires servent à réduire le coût de la main-d’œuvre. Alors que pour la gauche libérale, accueillir de nouveaux arrivants est une façon d’aider les moins nantis. Le patronat et la gauche libérale font donc une alliance pour ouvrir les frontières contre l’intérêt national. Cette gauche échoue à aider les plus vulnérables parce qu’elle aide les capitalistes dans leur quête. Mais elle préfère rejeter le blâme sur les nationalistes plutôt que de remettre en question son libéralisme politique qui crée les inégalités.

Tout ce système ne serait possible sans l’existence de traités et de conventions internationales. Au lieu de favoriser la concertation entre nations, ces ententes imposent la compétition. Il s’agit d’une compétition fiscale (diminution des impôts), réglementaire (diminution des contraintes sociales), politique (diminution du pouvoir démocratique) et juridique (protection des intérêts économiques).

En conclusion, les socialistes indépendantistes n’aspirent pas à ce que l’État contrôle tous les moyens de production. Ils souhaitent faire de la nation québécoise le décideur politique et centrer son action politique sur le bien-être général/bien commun.

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