Qu’est-ce que Mon Pays Québec? Le Nationalisme

Il est important, pour moi, de définir de quoi il en retourne lorsque je mets de l’avant des concepts et des idées. Voici donc le troisième texte d’une série de cinq.

Le nationalisme est un construit social qui se crée autour d’une histoire vécue par une communauté politique relativement homogène. Ce construit social peut évoluer à tout moment dans l’histoire et il peut prendre différentes tangentes. Cette communauté politique existe parce qu’elle a des références communes et les gens y développent un sentiment d’appartenance. Puisque les nationalistes aspirent à la représentation politique, ils voient en l’État l’instrument de leur volonté populaire et de l’intérêt collectif. L’État-nation devient donc l’institution par excellence pour l’émancipation nationale, voire collective.

Dans l’histoire du Québec, le Parti patriote est un bon exemple d’une représentation du nationalisme et du patriotisme républicain. Cette volonté de représentation politique s’incarne dans les 92 résolutions et la déclaration d’indépendance du Bas-Canada. Après l’Acte d’Union, le Canada-Est est gouverné par des autonomistes et fait place à un nationalisme de survivance, dit traditionnel. L’Église en tant qu’institution fédératrice reprend ses droits et la religion devient le ciment de la société canadienne-française. Le clergé s’assure également de la préservation du français comme caractère distinctif. Ce n’est qu’avec la Révolution tranquille que le nationalisme canadien-français (traditionaliste) se transforme en nationalisme québécois d’ouverture. Le gouvernement québécois se met au service de l’ensemble des Québécois tout en ayant le français comme élément fondateur plutôt que le catholicisme. C’est au travers de ses institutions politiques que le gouvernement permet l’émancipation politique, économique, culturelle et sociale de son peuple. Les institutions libératrices ont permis de développer ce qu’on appelle le « modèle québécois » où la question nationale côtoie la question sociale.

Le nationalisme identitaire québécois est donc axé sur le français comme pilier, sur une mémoire collective et sur une culture de convergence. Le français est non seulement la langue de communication de l’ensemble de la société, mais aussi la langue de référence pour comprendre et conceptualiser notre réalité. Quant à elle, la mémoire collective fait appel à un référent qui comporte deux éléments : l’histoire et le récit national. L’un se base sur les faits, l’autre sur les « mythes » fondateurs du peuple. Puisqu’il existe plusieurs communautés politiques au Québec, la culture de la majorité canadienne-française devient donc la culture de convergence. Cela implique que la culture de la majorité soit connue de tous et qu’elle occupe l’espace public pour la faire connaître. Autrement dit, elle doit transcender chaque individu. Les membres des autres communautés politiques sont appelés à se l’approprier et à y contribuer en amenant leurs propres singularités, tout en gardant une partie de leur culture d’origine du moment qu’elle respecte les valeurs démocratiques. En résumé, cette manière de façonner la société s’inspire de l’interculturalisme où les citoyens de tout horizon sont invités à participer à la vie publique en vue de l’améliorer.

Le nationalisme économique fait référence à une nation possédant tous ses moyens et tous ses leviers économiques pour assurer de bonnes conditions de vie sans exploitation et/ou sans exploiter ses ressources à mauvais escient. Le slogan « Maîtres chez nous » des libéraux dans les années 1960 est très éloquent à cet égard. Puisque le nationalisme prône l’intérêt général et le bien commun, il est en opposition à la concentration de la richesse d’une élite économique nationale. Les nationalistes économiques désirent que les décisions soient prises, en grande partie, par des gens de leur communauté politique qui sont plus près de leurs préférences. Par contre, le système économique peut les corrompre au point de profiter de leur position de pouvoir pour faire primer leurs intérêts particuliers. Au niveau international, le nationalisme économique n’est pas contre le libre-échange du moment qu’il profite à l’ensemble des citoyens. Autrement dit, il doit y avoir absence de domination coloniale, hégémonique, supranationale ou d’un système économique qui crée des inégalités.

Les nationalistes québécois dénoncent le fait que le Québec soit assujetti au système monétaire canadien avec la Banque centrale canadienne en plus du pouvoir fédéral de dépenser. Les États-Unis ont un pouvoir hégémonique sur l’ensemble des pays occidentaux par rapport aux orientations économiques et fiscales. Nous n’avons qu’à penser à « l’interdiction » de taxer les profits des géants du web ou bien la compétition fiscale entre États. Les organisations internationales comme l’Organisation mondiale du commerce, la Banque mondiale, le Fonds monétaire international, les agences de notation de crédit et les tribunaux internationaux (qui régissent les traités internationaux) ont des pouvoirs supranationaux sur les décisions internes du Québec. Le néolibéralisme qui vise à libéraliser les services publics a permis à la corruption/collusion de s’implanter entre l’État et le milieu économique (capitalisme de connivence). Il a permis au capital ainsi qu’aux humains de circuler plus librement, rendant les emplois précaires. Le recours aux paradis fiscaux par les transnationales est monnaie courante, ce qui prive l’État de ressources économiques nécessaires à son bon fonctionnement.

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